"La relation avec un·e meilleur·e ami·e est centrale au développement psychosocial à l’adolescence, mais elle a rarement été étudiée en tant que facteur explicatif du décrochage scolaire au secondaire. En nous appuyant sur la théorie de l’autodétermination, nous avons vérifié si la qualité de cette relation peut affecter le risque de décrochage par son influence sur la motivation autonome, la motivation contrôlée et l’amotivation scolaire. L’échantillon comportait 225 élèves (67 % de filles) de troisième année du secondaire provenant de deux écoles publiques francophones en milieu défavorisé. Les données ont été recueillies selon un devis corrélationnel à un temps de mesure par le biais de questionnaires autorapportés. Une analyse d’équation structurelle avec tests d’effets indirects par rééchantillonnage a révélé que la motivation autonome était un médiateur du lien entre la qualité de la relation avec un·e meilleur·e ami·e et le risque de décrochage scolaire. Une association positive inattendue a été observée entre la qualité de la relation d’amitié et la motivation contrôlée. Ce type de motivation a néanmoins été associé à un risque élevé de décrochage scolaire. Enfin, l’amotivation s’est avérée un médiateur marginalement significatif du lien entre une relation d’amitié de faible qualité et un risque de décrochage élevé. Cette étude met en lumière l’importance de considérer le rôle des meilleur·e·s ami·e·s et de distinguer entre les trois types de motivation scolaire afin d’optimiser le développement de programmes de prévention du décrochage scolaire."

"Cette recherche vise à apporter des éléments de réponse aux questions suivantes : quelles connaissances avons-nous du décrochage scolaire ? Quelles en sont les raisons ? Comment le prévenir ? Pourquoi ce phénomène est-il de plus en plus pris en compte en France ? A travers l’expérimentation, nous nous attardons plus précisément sur les représentations que les enseignants ont du décrochage scolaire, mais également sur les critères qu’ils donnent pour repérer les élèves à risque de décrocher. Nous cherchons également à savoir si ces représentations et ces critères sont influencés par leur âge et leur ancienneté. Ce croisement de données a pour objectif d’essayer de comprendre les raisons pour lesquelles ils privilégient certaines méthodes, au détriment d’autres. "

"Et bien sûr, les outils de la sociologie et des sciences de l’éducation permettent de comprendre ce qui compte et ce qui coince dans le rapport des enfants et des parents à l’école, au travail qui y est demandé, ce qui crée de la distance ou de la proximité avec le monde scolaire et ses attendus. C’est pourquoi nous écouterons dans cet Etre et savoir consacré aux parents les explications des chercheurs Gaëlle Henri Panabière, maîtresse de conférences en sciences de l'éducation à l'Université de Paris et membre du Centre de recherche sur les liens sociaux (CERLIS), autrice de Des "héritiers" en échec scolaire (La Dispute, 2010) et co-auteure de Enfances de classes. De l'inégalité parmi les enfants (dirigé par B. Lahire, Seuil, 2019) et Pierre Périer, sociologue et professeur en sciences de l’éducation à l’Université Rennes 2, auteur notamment de Des parents invisibles : l’école face à la précarité familiale (PUF, 2019)."

"L'échec scolaire n'est -il pas le produit naturel d'un système éducatif construit pour classer et éliminer ?

 

C'est tout à fait cela. A partir du moment où on fixe des normes de réussite on crée de l'échec pour ceux qui n'y arrivent pas. C'est tellement vrai qu'il faut rappeler que l'échec scolaire n'a pas toujours existé. Ou plutôt il était tout autant élevé hier mais sa perception était moins importante. A la fin de la 2de guerre mondiale, la moitié des chefs d'entreprise n'ont pas le bac. On pouvait avoir une place élevée dans la société sans avoir brillé à l'école. C'est petit à petit que s'est construite l'idée que le diplôme permet une carrière rapide et que ceux qui ne réussissent pas à l'école sont en échec. Et les familles emploient des stratégies sophistiquées pour naviguer dans le marigot de l'orientation pour intégrer les bonnes filières et les bons lycées. "

"Au départ, l’objectif de notre enquête était de mieux savoir comment les enseignants français percevaient le poids des différentes variables qui contribuent à fabriquer de l’échec scolaire. Si ces variables ont bien été dégagées par la littérature scientifique, leur importance respective et relative est mal cernée, ce qui crée des débats récurrents dans la communauté des chercheurs, des enseignants, des institutions éducatives. Le débat agite aussi la société française, et, plus globalement, les pays où l’école a un rôle sélectif en plus d’un rôle émancipateur."

"Dans ce numéro Kadékol part à la rencontre de Patrick Delaunay qui nous parle de son projet  "Réseau d'Innovations Pédagogiques pour la Persévérance Scolaire", primé lors de la Journée de l'innovation. Comment accompagner les structure dans la lutte contre le décrochage scolaire ? Essaimer des dispositifs sur tous les lycées du département et adapter les dispositifs aux spécifiés de chaque structure : retour sur un projet ambitieux.

L'équipe du lycée polyvalent Marie-Louise Dossard Françoise à Tournefeuille s'installe également dans le studio éphémère de Kadekol pour nous parler de leur nouveau projet : "Boxe & Philo — Opération coup de poing, La philo chez les pros". Familiariser les élèves de Baccalauréat Professionnel avec la pensée philosophique, construire un jugement éclairé et indépendant, pratiquer la boxe et réfléchir sur les valeurs et les objets de ce sport : un projet inventif qui porte ses fruits. "

" Thème :  Quelles avancées dans la compréhension du décrochage scolaire ?"
sur cairn (payant)

"Le plan national contre le décrochage scolaire, lancé à la rentrée 2014, entend renforcer la collaboration entre les professionnels de l'éducation pour améliorer la prévention du phénomène. L'expérience des groupes de prévention du décrochage scolaire (GPDS) montre comment les chefs d'établissement ont composé avec ce mot d'ordre national et comment, dans le contexte local des établissements, l'idée du travail collaboratif prend des formes concrètes plurielles."

Rapport en ligne

"Peut-on réduire le décrochage sans changer l'Ecole ? "Quand on utilise le mot "décrochage" on est dans un lexique qui empêche de penser aux apprentissages. Or avant d'être des "décrocheurs", ces jeunes étaient des élèves avec des difficultés d'apprentissage". Stéphane Bonnery a clos le séminaire organisé par Denis Fougère et Agnès Van Zanten dans le cadre du Liepp Sciences Po le 30 septembre. Eric Maurin, Pierre Yves Bernard et Christophe Michaud ont présenté leurs travaux. Tous, en négatif ou en positif, mettent l'accent sur le rôle de l'Ecole dans les processus de décrochage. Un tableau qui intéressera les politiques..."